Les achélèmes de Maison-Carrée
Petit garçon et adolescent, petit héros habillé d’un destin trop grand pour lui, Marco vit dans son quotidien les peurs et les angoisses suscitées par les « évènements » d’Algérie.
Loin des délires littéraires ou aberrations historiques, il se place au bord de la biographie romanesque dont les péripéties servent à inscrire le récit dans le courant de l’histoire de l’Algérie et qui dit comment une grande partie de la jeunesse algéroise s’est construite, entre ombres et lumières. La première victime d’une guerre, c’est la vérité et à l’heure où les médias conditionnent l’opinion générale, Marco trempe sa plume dans l'encre de la sincérité pour livrer un témoignage nu de toutes pollutions malsaines. Ce récit vient enrichir une mémoire collective destinée à être transmise utilement aux générations futures, avec l’envie de la perpétuer.
Marco fait ses gammes sur l’Histoire, pour en éclairer les coulisses et en dénoncer les impostures. Verve lucide et décapante qui permet, justement, aux péripéties de batifoler dans le récit. Avec sa manière de débusquer les démons sous les cendres d’une époque où la nuit tombe, il écrit avec les restes des siens, ce grand peuple d’Algérie : les Kabyles, les « Pieds-noirs » et les Arabes, si honteusement manipulés, si douloureusement éprouvés, si émouvants et combien attachants. C’est aussi une façon d’afficher la transparence du moment aux lecteurs - avec naïveté et sans prétention – chronique souriante, grave et pétillante, qui aime le verbe et s’amuse d’épigramme.
Parfois, lorsque les Cagayous versent dans le noir ironique, ils se débrouillent toujours pour faire rire. Une façon d’atténuer la douleur du monde. Montrer l’ineffable grâce naturelle et sauvage de l’Algérie bleue pour mieux faire saillir l’horreur de son sort. Le petit bout de la lorgnette se veut attachant et familier, pour mieux happer l’individu dans sa complexité.
2007. 386 pages. Format 148 x 210