L’Autre Rivage
Andrée Montero est Oranaise. Son roman peut apparaître d’abord comme un témoignage sur la tragédie algérienne, le malheur des victimes du grand exode de l’été 1962.
Mais si l’auteur de « L’Autre Rivage » a su rendre perceptible le drame d’un déracinement et d’une torturante nostalgie, son mérite le plus sûr est ailleurs. Il est dans sa manière de montrer son héroïne égarée, perdue dans une terrible solitude, errant à travers les tentations, les obstacles et les ombres, prête souvent à fléchir et refusant chaque fois la défaite, Ariane qui résiste lucidement au Minotaure et trouve, à force de courage, de confiance dans le destin, la petite lueur qui mène enfin hors du labyrinthe.
Voilà pourquoi également, le livre refermé, il s’en dégage, longtemps encore, cette « bouleversante odeur de vie » dont parle Camus, qui est l’odeur des villes comme des œuvres vivantes, celles où le cœur bat plus vite et où le sang bouillonne. (Emmanuel Roblès)