Livre blanc. Alger, le 26 mars 1962 : la fusillade de la rue d’Isly
80 morts, 200 blessés – c’est le bilan de la fusillade de la rue d’Isly, à Alger, le 26 mars 1962.
La deuxième réédition du Livre interdit – Livre blanc comprend les déclarations de 151 témoins de ces événements.
Et puis, avec la soudaineté d’un éclair, l’affreux drame a éclaté. Un tir extrêmement nourri nous arrosa, nous tous qui étions là. Je voyais sur le trottoir plusieurs soldats musulmans. Mais je n’en regardais qu’un. Chaque fois qu’un cri de douleur s’élevait de cette masse de corps allongés, ce soldat musulman, revêtu de l’uniforme français, en ricanant, en insultant, dirigeait vers l’endroit d’où semblait venir le cri de douleur, le tir de son pistolet-mitrailleur. La balle qui venait de frapper ma femme provenait-elle de son arme ? (Alfred MESQUIDA, instituteur)
Tout à coup, sans aucune sommation ni provocation, les C.R.S. se sont mis à plat ventre en position de tir sous leurs véhicules, et un feu nourri a été dirigé vers la foule. Aux premières rafales deux femmes sont tombées. J’ai vu les C.R.S. qui continuaient à tirer sur ces gens sans répit. (Luden PERRIN)
Quand tout fut terminé, je voulus voir. La France avait son Oradour et avait édifié dans le sang son mur de honte. Et j’ai eu honte pour la France. Je veux qu’on entende ma voix. Je veux que nos responsables sachent qu’il n’y a eu aucune provocation, aucun cri séditieux et que, tout au contraire, ce défilé s’amorçait dans le calme et la dignité. Je le jure sur l’honneur. (Mme Albert MARGAILLAN)